Écriture inclusive, graphie non sexiste, écriture épicène, écriture égalitaire… quelle que soit la dénomination que vous utilisez, que vous soyez pour ou contre ses principes, en 2022, il n’est plus question de faire l’impasse. Malgré les réticences du gouvernement et de l’Académie française face à ces nouvelles règles, le web semble de plus en plus déterminé à trancher ! On voit désormais fleurir les mails, blogs, et autres posts sur les réseaux sociaux rédigés selon les codes de la graphie non genrée. Que vous soyez un·e rédacteur·rice occasionnel·le ou professionnel·le, voici comment vous y mettre vous aussi !
Qu’est-ce que l’écriture inclusive et pourquoi l’adopter ?
Notre langue étant dépourvue de noms neutres, la grammaire et la syntaxe françaises favorisent l’emploi du masculin par défaut. Ce parti pris, que l’on peut soupçonner d’être issu d’une culture à dominante patriarcale, impacterait notre manière de penser pour donner au féminin une place moins légitime. Ce phénomène est particulièrement marqué au niveau des noms de fonctions et métiers, où il est accusé d’induire des inégalités de traitement. C’est là qu’intervient l’écriture inclusive.
Celle-ci permet de rétablir l’égalité homme/femme au sein des principes graphiques et syntaxiques de la langue française. Comme cette initiative ne fait pas l’objet de règles officielles, plusieurs manières de l’aborder sont proposées.
- La féminisation des mots exclusivement masculins qui ne possèdent pas d’équivalent, comme « auteur », qui peut devenir « auteure » ou « autrice ».
- Les termes épicènes qui permettent de rendre différents concepts plus inclusifs, comme « les droits de l’Homme », qui deviennent « les droits humains ».
- Les tournures remaniées, comme « spectateur », qui peut prendre la forme de « spectateurice ».
- Les typographies alternatives, y compris le (très décrié) point médian, qui donnerait « spectateur·rice·s », le tiret, avec « spectateur-rice-s », les parenthèses, « spectateurs(rices) », ou encore le slash, « spectateurs/rices ».
- La pratique double genrée, qui consiste à écrire et prononcer les deux mots : « les spectateurs et spectatrices ».
- Les termes génériques, qui sont davantage « dégenrés », comme « l’assistance », au lieu du masculin pluriel « les spectateurs ».
- L’accord de proximité : « les spectateurs et spectatrices sont impressionnées ».
- L’accord des articles, titres, grades, fonctions et métiers avec le sexe : « madame LA ministre », « la professeure », etc.
Quand favoriser l’écriture inclusive ?
La question s’avère bien complexe, puisque l’écriture inclusive est loin de mettre tout le monde d’accord. Entre la circulaire du 6 mai 2021 qui interdit le recours au point médian à l’école et dans les actes administratifs, la pétition de SOS éducation contre l’emploi de l’écriture inclusive et, à l’inverse, l’adoption de la graphie non genrée par la mairie de Paris et même un manuel scolaire en écriture inclusive publié par les éditions Hatier, il est bien difficile de s’y retrouver !
Et il faut effectivement considérer les arguments en faveur de cette pratique, mais aussi ceux qui vont à son encontre, comme les complications engendrées pour les personnes dyslexiques ou malvoyantes, par exemple. Cependant, si vous écrivez dans un contexte de marketing, gardez à l’esprit que votre choix aura forcément un effet, dans un sens ou dans l’autre. C’est pourquoi il est nécessaire de prendre en compte les valeurs et les attentes de vos cibles, ainsi que l’image que vous souhaitez, vous-même, véhiculer.
Notez par ailleurs que l’écriture inclusive ne réclame pas une approche « tout ou rien ». Ainsi, vous pouvez tout à fait employer des expressions déjà très bien représentées, comme « celles et ceux », ou encore « tous et toutes », sans vous aventurer jusqu’au point médian. De même, utiliser des termes génériques est un excellent moyen de contenter tout le monde.
Faut-il utiliser l’écriture inclusive en SEO ?
Si l’écriture inclusive présente un seul défaut objectif, c’est qu’elle a tendance à compliquer les choses. Ceci est tout à fait naturel, puisqu’il s’agit souvent de rajouter des lettres, des signes, voire même de doubler des expressions ou de créer des termes de toute pièce. C’est pourquoi elle demeure (pour le moment) difficilement compatible avec la manière dont fonctionnent les moteurs de recherche. Par exemple, la requête « spectateurice » génère (au moment où nous rédigeons) 4 870 résultats, tandis que « spectateur » et « spectatrice » offrent respectivement 17 000 000 et 575 000 résultats (notons en passant un déséquilibre qui illustre peut-être très bien les arguments en faveur de l’écriture égalitaire). Grâce à la prise de position de certain·e·s, du chemin a déjà été parcouru, dans le sens où Google n’interprète plus le mot « spectateurice » comme une faute d’orthographe !
Les faits sont donc là : à moins de souhaiter spécifiquement apparaître dans les résultats de recherches délibérément inclusives, quitte à se priver de visibilité parmi les résultats associés aux requêtes classiques, l’écriture inclusive n’est pas (encore) recommandée en SEO. Mais, encore une fois, il convient de nuancer cette règle, qui s’applique surtout aux mots-clés et au champ sémantique sur lesquels vous voulez vous positionner.
Comme pour n’importe quelle autre catégorie de texte, vous pouvez tout à fait miser sur des expressions génériques et adapter la syntaxe de vos phrases pour éviter d’avoir à vous poser la question ! L’impératif, par exemple, s’avère naturellement inclusif, puisqu’il prend la même forme quel que soit le genre auquel il s’adresse.
L’écriture inclusive : vous vous lancez ?
En l’état, l’écriture inclusive présente quelques lourdeurs. La bonne nouvelle, c’est qu’elles restent faciles à contourner pour les personnes qui sont déjà habituées à intégrer certaines exigences à leurs travaux de rédaction. Pour le moment, cette approche demeure préférable pour rédiger des contenus digitaux efficaces, puisque les moteurs de recherche ne sont pas suffisamment rodés à l’usage des nouvelles graphies.
Mais, pour faire avancer les choses, il faut savoir s’ouvrir au changement. Si l’écriture égalitaire représente un élément différenciant qui correspond à l’image que vous souhaitez cultiver pour votre marque, n’hésitez pas à vous lancer. Cette décision ne manquera pas d’avoir des retombées importantes sur votre culture d’entreprise et sur votre clientèle : à vous de savoir si celles-ci vous seront bénéfiques.